J4 – Jeudi 31 décembre 2015 – Toujours à Cozumen

Publié le par notretourdumondeparpetitsbouts

15h00, dans notre nouvel hôtel.
Un bon moment de rigolade à midi. Nous sommes retournés manger à notre cantine à « La Candela ». Une modeste « salada de la Casa ».

A la table à coté s'installent Mary and Paul, un jeune couple américain d'une cinquantaine d'années. Comment je sais qu'ils s'appellent Mary et Paul ? J'en sais rien, mais ça ne pèse pas sur le reste de l'histoire. J'aurais pu écrire l'Américaine et l'Américain, encore que je ne sois pas sûr non plus à 100% qu'ils soient Américains, mais c'était plus long à écrire et, comme tu peux le constater, j'aime la concision …

Bref Mary and Paul, Paul and Mary, s'installent à la table d'à coté. Antonio le garçon (non, je n'en suis pas sûr non plus, mais cela ne change rien, crois-moi), dépose sur leur table des chips de maïs et un petit bol de sauce pimentée.

Et là nous voyons Mary qui, avec beaucoup d'assurance, prend une chips de maïs et étale la sauce pimentée comme on étale du guacamole. Bigre ! Soit elle n'y connaît rien et cela va être sa fête, soit elle est blindée. 4 secondes se passent, le temps imparti pour que les nerfs amènent l'info au cerveau, Mary ne bronche pas. Chapeau Mary ! Nous sommes épatés !

Et soudain quelque chose change en elle. Nous ne voyons pas sa tête, car elle est à contre-jour, mais nous sentons le raidissement bien connu de chacun d'entre nous, lorsque la douleur quitte le nez pour monter vers le cerveau et que tu envisages 2 jours de coma tellement c'est fort et douloureux. Elle ne bouge plus, mais sa main gauche s'élève en direction de Paul pour le prévenir, les doigts tendus comme en un salut touareg (Parler donnerait soif!). Statue vivante, c'est le seul mouvement qu'elle a encore la force de faire pour le prévenir...
Et cet idiot de Paul qui ne la calcule pas. On sent qu'avec le temps il est tellement habitué à l'avoir à ses cotés que ce qu'elle peut faire et dire n'a aucune importance. Quel con ! Mais inconsciemment, il a quand même noté que Mary a généreusement tartiné sa chips de maïs, alors il fait de même, à même le pot. Et il engouffre tout cela d'un coup. Et 4 secondes plus tard, son cerveau à lui-aussi explose …

Et nous, encore sous la pression des événements de la matinée, et probablement conscients qu'il nous est arrivé peu ou prou la même chose hier, nous explosons de rire … Merci Mary, merci Paul ! Quel bon moment ...

Bon, un peu de sérieux. Revenons à nos sacs, qui ont mobilisé toute notre matinée. En fait, ils en ont retrouvé un qui doit nous rejoindre à Cozumel. A condition qu'il nous trouve car nous avons changé d'hôtel... Mais le deuxième ? S'ils le trouvent plus tard, il ne faut surtout pas qu'ils l'envoient à Cozumel car nous aurons quitté l’île demain. Donc il faut les appeler pour leur expliquer qu'ils doivent garder l'hypothétique deuxième sac, le temps que nous sachions où nous serons dans les jours qui viennent afin que nos trajectoires et celle du sac, dans l'espace et le temps, finissent par se rejoindre … 

Je plaisante car Eric du bagage service a toujours parlé du sac de Jacques Duranton. Je suis donc persuadé que c'est mon beau sac bleu nuit qui va finir par apparaître au cours de la journée. C'est là que nous avons mis les choses importantes : ordinateurs de plongée, caméra AEE (l'équivalent de la GoPro). Les bouts de tissus pour le patch du sac de Cath, ça doit bien se trouver sur n'importe quel marché …

Mais là, brusquement, en écrivant ses lignes, je prends conscience que les 2 sacs sont probablement rattachés au même billet, donc 
à mon nom ! Si cela se trouve c'est le sac verdâtre de Cath qui va apparaître aujourd'hui, avec ses bouts de tissus vaguement inutiles, alors que le mien, triste orphelin, pleure quelque part dans un coin de la planète, en Tanzanie peut-être, n'ayant rien compris à ces histoires de trajectoires dans l'espace et le temps …

18h00 ici, minuit à Villard sur Doron et dans les environs (Paris, Lyon, Nice, Capbreton ...). Felice ano a todos, los amigos …

Je reprends le clavier. Les aspects bienfaiteurs de notre crise de rire se sont estompés... Nous sommes toujours en attente de nos 2 orphelins. Je ne vous raconterai pas les difficultés pour acquérir un téléphone local opérationnel. Je ne vous raconterai pas les difficultés pour joindre Eric, de l'Equipaje servicio de Copa Air. Je ne vous raconterai pas les difficultés à programmer la suite du voyage. De toutes manières, je vous l'avoue, le plus dur pour moi, depuis deux jours, c'est de devoir porter des caleçons trop grands... Les tailles mexicaines ne coïncident pas avec les tailles européennes !
 

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