J29 – Vendredi 12 août : Kolkata
Sous notre fenêtre …
Finalement, cette chambre bruyante donnant sur la rue, on va la garder. Nous sommes juste à la hauteur d’un point d’eau et, comme dans un oasis, les scènes de la vie locale se succèdent.
Il y a d’abord ces petits restaurateurs installés sur le trottoir, juste derrière la fontaine. Ils sont à pied d’œuvre depuis l’aurore et n’arrêteront que tard dans la nuit. Le premier fait des pains, le deuxième prépare les légumes et fait les plats en sauce, le troisième cuit le riz dans d’immenses bassines ainsi que les œufs. Un peu décalé, sur la droite se trouve le vendeur de jus d’orange.
La cuisson se fait sur des cuisinières à charbon, improvisées avec de vieux bidons. Parfois l’un des cuisiniers de rue consacre un peu de temps à concasser des morceaux de charbon jugés trop gros.
Hier soir, nous avons mangé à l’hôtel, tard. Il ne dispose pas d’un restaurant mais d’un « service d’étage ». Lorsque j’ai voulu commander deux jus d’orange, le garçon a d’abord jeté un coup d’œil inquisiteur dans la rue avant de répondre « il n’y en a plus ». Du coup ce matin, j’ai brusquement un doute sur la provenance des plats qui nous ont été servis. Mais non, aucun des cuisiniers de rue n’a des cheveux longs...
Des habitants des rues viennent faire leur toilette. Ils collectent de l’eau à la fontaine, s’écartent de quelques mètres et font consciencieusement leurs ablutions.
Je profite de mon poste d’observation pour rendre hommage à ceux qui gagnent leur vie avec leurs mollets.
Nouveau trek urbain dans les rues de Kolkata.
Nous arpentons ces grandes avenues à sens unique (nous avons guetté le moment de l’inversion sur Park street, mais il n’y a pas eu d’inversion… alors que notre petite rue alterne bien consciencieusement son flux de véhicules en tous genres). De belles propriétés à l’abandon, le cimetière anglais du début du siècle (à l’abandon aussi ; mais quelle idée d’encastrer des monuments funéraires de cette taille sur ce petit espace !). La cathédrale Saint Paul, qui est restée une Cathédrale. Le métro de Kolkata. Le temple dédié à Kali (c’est fini, on n’entre plus …)
Le tout sous la pluie. Car il nous a fallu attendre quasiment 30 jours pour découvrir notre premier véritable jour de pluie. Du coup l’atmosphère est plus tempérée. Nous sommes mouillés, malgré nos parapluies, mais ce n’est plus de la sueur.
Poursuite de notre enquête sur la circulation kolkatienne.
Lorsque le feu passe au rouge, le conducteur arrête son moteur. Plus personne ne klaxonne, plus un bruit ; la rue semble comme pétrifiée. Puis le feu passe au vert, les moteurs redémarrent, la cacophonie des klaxons reprend « Coucou, moi aussi je suis là ».
Autre caractéristique étrange : pas une vache et j’ajoute, pas un singe. Mais beaucoup de chiens.
Peu de mendiants également, même lorsqu’on s’écarte des axes fréquentés. Il y a bien des familles qui squattent au milieu des 2 fois deux voies, mais sans que cela ne ressemble à de la misère. Nous avons vu un « social center » de rue. De grandes bassines de riz attendaient sur le trottoir. Mais pas un client alentour. On est loin, pour l’instant, de l’image d’Epinal que l’on a de Calcutta. Tant mieux …