J5 - Vendredi 15 janvier 2021 - Fort de France
Journée Capitale ! Nous nous garons à l'Anse à L'Ane et prenons la navette maritime qui rejoint la Savane au cœur de Fort de France.
Souvenirs, souvenirs ... J'ai eu l'occasion, dans les années 80, d'effectuer plusieurs missions de conseil auprès de la ville de Fort de France, puis du Département de la Martinique. Je réservais toujours un hôtel à la Pointe du Bout, de ce coté-ci de la Baie. Quel délice, quelle jouissance, après une journée de travail, d'embarquer sur la navette pour 20 minutes de navigation, rejoindre l'hôtel et savourer le coucher de soleil un verre de Pina Colada à la main ...
Pour les couchers de soleil, il nous faudra patienter. Toute la journée le soleil alterne avec la pluie qui finit par gagner en fin d'après-midi. Mais, avec une température de 25 à
Premier spot : le bureau d'Aimé Césaire, dans l'ancienne mairie de Fort de France. Je reconnais les fauteuils dans lesquels il nous a reçu, François Speich et moi, lorsque nous sommes venus lui faire un premier compte-rendu de notre diagnostic. J'entends encore sa douce voix : "Quand la crise économique est arrivée avec son cortège de chômeurs, nous avons pensé que la Collectivité pourrait pendre en charge une partie du fardeau en créant des emplois, certes pas toujours rationnels, le temps de traverser le gué. Cette théorie était possible à condition que la situation ne perdure pas. Ce n'est manifestement pas le cas et nous allons finir par couler nous-mêmes avec notre fardeau. Il nous faut changer de stratégie et c'est pourquoi vous êtes-là".
Rien que d'y penser, j'en ai les larmes aux yeux ...
J'ai revu Emile Césaire quelques années plus tard à l'occasion d'un congrès (épique !) des Directeurs Généraux de Collectivités Locales (mes amis - et clients - pour la vie...). Nous étions reçus par la mairie et son Maire, au stade Dillon, fierté de la Municipalité, et nouvellement inauguré. Catherine était présente quand Aimé Césaire m'a dit : "Sans vous, cela n'aurait pas été possible ...".
Ce n'est qu'après que l'on comprend l'importance des choses ... A l'instant "t", on est dans l'essoreuse de la vie qui tourne, tourne ...
La suite de la journée est plus touristique.
La visite du Fort Saint-Louis, ouvert désormais au public, et qui abrite une unité de la Marine. Rapide cours d'histoire et vue imprenable sur Fort de France.
Le marché. Vite vu, mais l'occasion de cocher les cases "fricassée de cabri" et "crevettes coco".
Le musée d'histoire et d'ethnologie. Photos interdites. Comme quoi ce type de mesure est idiot. Tu n'auras pas l'occasion d'en savoir plus ni nous de te faire partager une émotion. La prochaine fois que je suis confronté à ce type de mesure (idiote), j'irai argumenter. Je m'en veux ; je suis sûr que cela aurait marché ... ou peut-être pas ! Tu ne sauras donc rien (et nous, nous oublierons) sur les premiers habitants de l'ile puis sur la vie (horrible) du temps de l'esclavage.
Un petit zoom sur la (superbe) bibliothèque Schoelcher, construite, en même temps que la cathédrale, par un élève de Gustave Eiffel. Fermée pour cause de Covid, mais c'est déjà bien beau de pouvoir être là pour l'admirer.
Retour par la navette maritime. Un petit orchestre joue sur la jetée ; 3 percussionnistes entourent une joueur de steel-drum. Souvenirs-souvenirs ... Non j'arrête ! Retiens simplement que le steel-drum (bidon en fer) était un instrument de musique mis au point par les esclaves à partir de ces gros bidons en ferraille de
Retour au Diamant par la côte avec un arrêt-minute en deux points touristiques locaux.
La Maison du Bagnard, construite et habitée par un ancien bagnard un peu illuminé, type Facteur Cheval. Ses œuvres sculptées ont disparu, il ne reste que sa maison, hyper-modeste et hyper-gaie ...
Le mémorial voisin est plus triste. Il commémore le naufrage d'un navire négrier échoué sur la côte par une nuit de tempête alors que l'esclavage vient d'être aboli à Paris (Hommage à Victor Schoelcher). Que faire des 86 rescapés ? Ce ne sont plus des esclaves, mais ce sont ... des noirs ! Ils ont été envoyés (déportés ?) en Guyane où leurs traces se perdent ...
Retour chez Odile. La pluie se calme, la nuit s'installe et avec elle sa cohorte de bestioles anonymes. Chacune se lance dans de grandes stridulations, rythmées, infatigables, apparemment indifférente à celles de ses voisines. En prêtant l'oreille, on croit que certaines se répondent ; mais non, un léger décalage apparait qui s'amplifie avec le temps. Chaque bestiole joue sa partition, opiniâtrement, têtue. J'adore ... Cath, elle, craque et finit par mettre des boules Quiès pour pouvoir dormir ...